Pêcheur d'Islande

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Pierre Loti

Pêcheur d'Islande

Deux heures du matin.

C’était la nuit surtout qu’elle se tenait attentive à tous les pas qui s’approchaient : à la moindre rumeur, au moindre son inaccoutumé, ses tempes vibraient; à force d’être tendues aux choses du dehors, elles étaient devenues affreusement douloureuses.

Deux heures du matin. Cette nuit-là comme les autres, les mains jointes, et les yeux ouverts dans l’obscurité, elle écoutait le vent faire sur la lande son bruit éternel.

Des pas d’homme tout à coup, des pas précipités dans le chemin ! A pareille heure, qui pouvait passer ? Elle se dressa, remuée jusqu’au fond de l’âme, son cœur cessant de battre…

On s’arrêtait devant la porte, on montait les petites marches de pierre…

Lui !… oh ! joie du ciel, lui ! On avait frappé, est ce que ce pouvait être un autre !… Elle était debout, pieds nus; elle, si faible depuis tant de jours, avait sauté lestement comme les chattes, les bras ouverts pour enlacer le bien-aimé. Sans doute la Léopoldine était arrivée de nuit, et mouillée en face dans la baie de Pors-Even, et lui, il accourait; elle arrangeait tout cela dans sa tête avec une vitesse d’éclair. Et maintenant, elle se déchirait les doigts aux clous de la porte, dans sa rage pour retirer ce verrou qui était dur…

Un roman de Pierre Loti

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Fregate: Une passerelle vers le Conte & la Poésie.

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