— Johann David Wyss —

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Johann David Wyss

Le robinson suisse

Je ne saurais exprimer avec quels transports, après nos longues semaines d’ennui, nous vîmes enfin les nuages disparaître, le soleil briller au milieu d’un ciel pur, et le vent, dont la violence nous avait si fort effrayés, cesser entièrement. Nous saluâmes le retour du printemps par des cris de joie, et nous sortîmes avec bonheur de notre retraite pour respirer l’air pur de la campagne et reposer nos yeux sur la verdure rafraîchie qui parait la terre. La nature entière était rajeunie, et nous-mêmes avions déjà oublié toutes nos souffrances d’hiver.

Notre plantation était en pleine prospérité; les grains que nous avions semés commençaient à sortir de la terre en filets minces. La prairie était émaillée d’une multitude de fleurs; les oiseaux avaient commencé leurs chants : c’était une résurrection complète de la nature.

Aussi nous célébrâmes le dimanche suivant avec une ferveur, une piété telle que nous n’en avions point encore eu dans l’île, et nous nous mimes sur-le-champ au travail avec ardeur. Nous nettoyâmes notre château aérien des feuilles que le vent y avait amassées; il n’était nullement endommagé, et nous l’eûmes bientôt remis en état d’être habité.

Ma femme, toujours active, ne perdit pas de temps, et s’occupa de son lin; elle le teillait, et moi je le peignais. Je réussissais dans cette fonction, à laquelle j’étais tout à fait étranger, au delà même de mes espérances. Le plus difficile restait à faire. Pour arriver à la toile, il fallait un rouet et un dévidoir; les conseils de ma femme suppléèrent à mon manque d’habileté, et je parvins à construire ces indispensables instruments. Dès lors la mère ne se permit aucune distraction; ses nouvelles occupations absorbèrent tout son temps. Le petit Franz dévidait tandis qu’elle filait; elle aurait bien voulu que ses autres fils vinssent à son aide; mais ils se montraient peu empressés de se livrer à cette besogne sédentaire, si ce n’est Ernest, qui consentait volontiers à filer quand il prévoyait quelque occupation fatigante. Cet exemple eût été cependant bon à suivre, car nos habits étaient vraiment dans un état déplorable; mais Fritz et Jack, faits pour les courses, aimaient beaucoup mieux errer en liberté.

Il fallait utiliser les promenades. Nous nous dirigeâmes d’abord du côté de Zelt-Heim; car nous étions avides de connaître les ravages produits par l’hiver sur notre ancienne habitation. Cette demeure avait beaucoup plus souffert que Falken-Horst; la tente était renversée; la toile à voile n’existait plus, et la plus grande partie des provisions avait été tellement gâtée par la pluie, qu’il fallut nous en débarrasser. La pinasse, grâce à sa construction solide, avait résisté; il n’en fut pas de même du bateau de cuves : il était devenu hors de service. En examinant nos provisions, je trouvai trois barils de poudre que j’avais omis de porter à l’abri du rocher; j’eus la douleur, en les ouvrant, d’en voir deux entièrement avariés, et hors d’état de servir. En examinant la muraille des rochers, je désespérai de m’y creuser une habitation; ils paraissaient d’une telle dureté, que plusieurs semaines de travail auraient à peine suffi pour y pratiquer une cavité susceptible de nous y recevoir avec nos bestiaux et nos provisions, et nous n’avions pas assez de poudre pour l’employer à faire sauter des éclats de rochers; mais nous résolûmes du moins de faire quelque tentative, ne fût-ce que pour creuser une cave capable de contenir nos poudres pendant la pluie.

Tandis que ma femme était occupée de son lin, je partis un matin, accompagné de Jack et de Fritz, dans le dessein de choisir une place où le rocher fut d’une coupe perpendiculaire; je traçai avec du charbon l’enceinte de la cavité que je projetais, et nous nous mîmes à l’ouvrage. Les premiers coups de marteau produisirent peu d’effet : le roc était presque inattaquable au ciseau et à tous nos instruments : aussi nous ne fîmes presque rien la première journée. Mes petits ouvriers ne se ralentissaient pas; la sueur ruisselait de nos fronts : le courage nous donnait des forces; mais elles étaient inutiles tant que nous eûmes à lutter avec la couche extérieure du roc, et ce ne fut qu’après deux jours de persévérance que nous sentîmes la pierre céder peu à peu sous nos coups. La couche calcaire que nous avions rencontrée fit place à une sorte de limon solidifié, que la bêche pouvait facilement entamer. Encouragés par l’espoir du succès, nous continuâmes pendant quelques jours, et nous étions parvenus à sept pieds de profondeur, quand, un matin, Jack, qui enfonçait à coups de marteau une barre de fer, nous cria tout joyeux : « J’ai percé la montagne ! venez voir, j’ai percé la montagne ! »

Fritz courut aussitôt vers son frère, et vint me confirmer les paroles de Jack. La chose me parut extraordinaire; j’accourus à mon tour, et je trouvai qu’en effet la barre de fer avait dû pénétrer dans une cavité assez spacieuse; car elle entrait sans obstacle, et nous pouvions la tourner dans tous les sens. Je m’approchai, trouvant la chose digne de mon attention; je saisis l’instrument qui était encore planté dans le roc; en le secouant avec vigueur de côté et d’autre, je fis un trou assez grand pour qu’un de mes fils pût y passer, et je vis qu’en effet une partie des décombres tombaient en dedans; mais au moment où je m’approchais pour regarder, il en sortit une si grande quantité d’air méphitique, que j’en éprouvai des vertiges et fus oblige de me retirer promptement. « Gardez-vous d’approcher, mes enfants, fuyez, vous pourriez trouver ici la mort.

—    La mort ! s’écria Jack. Croyez-vous qu’il y ait dans ce trou des lions et des serpents ? Laissez-moi approcher leur dire deux mots.

—    J’aime à te voir ce courage, mon petit ingénieur; il n’y a là ni lions ni serpents, mais le danger n’existe pas moins. Et que ferais-tu si en entrant tu ne pouvais plus respirer ?

—    Ne plus respirer ? et pourquoi ?

—    Parce que l’air y est méphitique ou corrompu, et qu’il vous prend alors un vertige ou un tournoiement de tête tel, qu’on a peine à marcher. Ce malaise est suivi d’une oppression qu’on ne peut vaincre, et l’on meurt subitement si l’on n’a pas un prompt secours.

—    Et que faire alors, dit Fritz, pour purifier cet air ?

—    Allumer un grand feu dans l’intérieur de cette grotte. Il s’éteindra d’abord; mais il finira par triompher, et alors nous pourrons entrer sans danger. »

Sans tarder, ils allèrent tous deux ramasser de l’herbe sèche; ils en firent des paquets, battirent le briquet, et les allumèrent, puis les jetèrent tout embrasés dans le trou; mais, ainsi que je le leur avais annoncé, ils s’éteignirent, et nous donnèrent la preuve que l’air était corrompu au plus haut degré; le feu ne put pas même brûler à l’entrée; je vis qu’il fallait purifier l’air d’une manière plus efficace. Je me souvins a propos que dans le temps nous avions apporté du vaisseau une caisse qui avait appartenu à l’artificier, que nous l’avions serrée dans la tente, et qu’elle devait être pleine de grenades et de roquettes d’artifice, embarquées pour faire des signaux. J’allai y chercher quelques pièces et un mortier de fer pour les jeter au fond de la caverne. Je revins bien vite, et y mis le feu. Je lançai des grenades qui, posant d’abord sur le sol, finissaient par aller se briser sur le haut de la caverne, d’où elles volaient elles-mêmes en éclats, et en détachaient des morceaux énormes. Un torrent d’air méphitique sortait par l’ouverture. Nous lançâmes alors des roquettes, qui semblaient traverser la grotte comme des dragons de feu, en découvrant son immense étendue. Nous crûmes aussi apercevoir une quantité de corps éblouissants qui brillèrent soudainement comme par un coup de baguette, et dont l’éclat disparut avec la rapidité de l’éclair, en ne laissant qu’une obscurité profonde. Une fusée entre autres, chargée d’étoiles, nous donna un spectacle dont nous eussions bien voulu prolonger la durée. Quand elle creva, il nous sembla qu’il en sortait une foule de petits génies ailés ayant chacun une petite lampe allumée, et qui dansaient de tous côtés avec des mouvements variés. Tout étincelait dans la caverne, qui nous offrit pendant une minute une scène vraiment magique; mais ces génies s’inclinèrent l’un après l’autre, et tombèrent sans bruit.

Après ce feu d’artifice, nous vîmes une botte d’herbe allumée se consumer paisiblement, et nous dûmes espérer que, du moins par rapport à l’air, nous n’avions plus rien à craindre; mais il était à appréhender que, dans l’obscurité, nous ne tombassions dans quelque flaque d’eau ou dans quelque abîme. Aussi j’envoyai Jack, monté sur le buffle, à Falken-Horst, pour communiquer notre découverte à sa mère et à ses deux frères, les ramener avec lui, et rapporter tout ce qu’ils pourraient de bougies, avec lesquelles nous irions examiner l’intérieur de la grotte.

Réjoui de cette commission, Jack, que j’avais choisi exprès parce que j’avais pensé que les peintures dont son imagination colorerait le récit de ce qu’il avait vu séduiraient ma femme et hâteraient son arrivée, Jack s’élança sur le buffle, fit claquer une sorte de fouet de roseau, et partit avec une telle rapidité, qu’il me fit dresser les cheveux sur la tête.

Je m’occupai avec Fritz, à agrandir l’entrée de la grotte et à la déblayer, afin que sa mère et ses frères pussent y entrer facilement. Après deux à trois heures de travail, nous la vîmes arriver sur le chariot, attelé de l’âne et de la vache, et conduit par Ernest. Jack, grimpé sur son buffle, caracolait devant eux, soufflait dans son poing fermé comme dans une trompette, et fouettait de temps en temps l’âne et la vache pour les faire marcher plus vite. En arrivant près de moi, il sauta à bas de son buffle, et courut aider sa mère à descendre.

J’allumai promptement nos bougies. Nous en prîmes chacun une à la main. Une autre fut mise dans notre poche, un briquet dans notre ceinture, et une arme dans l’autre main. Nous fîmes avec précaution notre entrée dans la grotte, moi en tête, puis mes enfants à moitié tremblants; enfin ma femme, que les deux chiens suivaient, l’œil au guet, la queue entre les jambes.

Un magnifique spectacle s’offrit soudain à nos yeux : tout autour de nous les parois étincelaient comme un ciel étoilé. Du haut de la voûte pendaient d’innombrables cristaux de toutes sortes de longueurs et de formes, et la lumière de nos six flambeaux, reflétée deux ou trois fois, faisait l’effet d’une brillante illumination. Il nous semblait être dans un palais de fées, ou dans le chœur d’une vieille église gothique lorsqu’on y célèbre l’office divin à la lueur des flambeaux, dont la lumière se joue de mille façons sur les pavés de marbre avec les rayons du jour colorés par les vitraux.

Le sol de notre grotte était uni, couvert d’un sable blanc et très fin, comme si on l’eût étendu à dessein, et si sec, que je ne pus apercevoir nulle part de trace d’humidité, ce qui me fit espérer que le séjour en serait sain et agréable pour nous. Les cristaux, d’après la sécheresse du lieu, ne pouvaient être le produit du suintement des eaux, et je trouvai, à ma joie inexprimable, en en cassant un morceau, que nous étions dans une grotte de sel gemme. Quel immense avantage pour nous et notre bétail, que cette énorme quantité de sel pur et tout prêt, qui ne demandait d’autre peine que de le recueillir, et qui valait mieux, à tous égards, que celui du rivage, qu’il fallait toujours purifier !

En avançant dans la grotte, nous remarquâmes des masses et des figures singulières que la matière saline avait produites. Il y avait des piliers entiers qui montaient depuis le sol jusqu’à la voûte, et semblaient la soutenir. L’imagination pouvait se représenter tout ce qu’elle voulait dans ces formes vagues et bizarres : des fenêtres, des feux, des autels, des figures d’hommes et d’animaux, les uns étincelants comme des diamants, les autres mats comme l’albâtre.

Nous ne pouvions nous lasser de parcourir cette merveilleuse enceinte. Déjà nous avions rallumé nos secondes bougies, lorsque je m’aperçus qu’il y avait sur le terrain, en plusieurs endroits, quantité de fragments de cristaux qui semblaient tombés de la voûte. Cette chute pouvait se répéter et offrir du danger. Une de ces lames cristallisées tombant sur la tête de l’un de mes enfants aurait pu le tuer; mais un examen plus exact me prouva que ces morceaux n’étaient pas tombés d’eux-mêmes et spontanément, car la masse était trop solide, et, si cette chute eût été produite par l’humidité, les morceaux se seraient dissous peu à peu. Nous fîmes alors, Fritz et moi, un examen sérieux de toutes les parties, en frappant à gauche et a droite avec de longues perches; mais rien ne tomba. Rassurés alors quant à la solidité de cette demeure, nous nous occupâmes à tout préparer pour nous y fixer. Il fut résolu que Falken-Horst resterait pour cette saison notre demeure habituelle; ensuite nous n’y allions que la nuit, et toute la journée nous étions à Zelt-Heim, près du nouveau rocher, travaillant pour faire une habitation d’hiver chaude, claire et commode.

Pendant qu’exposée à l’air notre grotte durcirait bientôt comme la surface extérieure, je résolus de commencer aussitôt à percer les fenêtres. Je pris pour cela la mesure de celles que j’avais à Falken-Horst, qui étaient inutiles, puisque je ne voulais plus l’habiter que l’été. Pour la porte, je préférai en faire à notre arbre une d’écorce, qui masquerait mieux notre demeure aux sauvages. Je dessinai tout le tour avec du charbon; puis nous taillâmes ces ouvertures, où nous fîmes entrer les cadres dans les ramures, qui les retinrent solidement.

Quand la grotte fut terminée en dehors, je m’occupai de la division intérieure. Une très grande place carrée fut d’abord divisée en deux parties : celle de droite pour notre demeure, celle de gauche pour la cuisine et les écuries. Je résolus de placer au fond de cette dernière, où il n’y avait pas de fenêtre, la cave et les magasins : le tout devait être séparé par des cloisons et communiquer par des portes.

La partie que nous avions destinée pour nous fut séparée en trois chambres : la première, à côté de l’écurie, fut réservée pour notre chambre à coucher à moi et à ma femme; la seconde, pour la salle à manger; la troisième, pour le lieu de repos de mes quatre enfants. La première et la dernière de ces chambres eurent des carreaux à leurs fenêtres; la salle à manger n’eut qu’un grillage grossier. Je pratiquai dans la cuisine un foyer près de la fenêtre; je perçai le rocher un peu au-dessus, et quatre planches clouées ensemble et passées dans cette ouverture firent une espèce de cheminée qui conduisait la fumée au dehors. L’espace que nous réservâmes pour notre atelier fut assez grand pour nous permettre d’y entreprendre des travaux considérables. Enfin l’écurie fut divisée en quatre compartiments, pour séparer les différentes espèces d’animaux; au fond se trouvaient la cave et les magasins.

Le long séjour que nous fîmes à Zelt-Heim nous procura plusieurs avantages sur lesquels nous n’avions pas compté, et que nous ne tardâmes pas à mettre à profit. Très souvent il venait au rivage d’immenses tortues qui y déposaient leurs œufs dans le sable, et qui nous fournissaient de délicieux repas; nous voulûmes ensuite prendre les tortues vivantes pour les manger quand bon nous semblerait. Dès que nous en voyions une sur le rivage, un de mes fils était dépêché pour lui couper la retraite; pendant ce temps nous approchions rapidement, nous la renversions sur le dos et lui passions une forte corde dans son écaille. L’extrémité opposée était attachée à un pieu planté aussi près du bord que possible, puis nous remettions la tortue sur ses pieds; elle se hâtait de fuir; mais voyant ses efforts inutiles, elle se résignait et restait à notre discrétion.

Un matin nous quittâmes de bonne heure Falken-Horst. Lorsque nous fûmes près de la baie du Salut, nous aperçûmes, à notre grand étonnement, dans la mer, un singulier spectacle. Une étendue d’eau assez considérable paraissait être en ébullition; elle s’élevait et s’abaissait en écume, et au-dessus volaient une quantité d’oiseaux de l’espèce des mouettes, des frégates, et autres que nous ne connaissions pas. Tous ces oiseaux poussaient des cris perçants; puis tantôt ils se précipitaient en foule sur la surface de l’eau, tantôt ils s’élevaient en l’air, volant en cercle et se poursuivant de tous côtés. Dans l’eau il se montrait aussi quelque chose d’un aspect singulier; de tous côtés s’élevaient de petites lumières comme des flammes, qui s’éteignaient aussitôt et se reproduisaient à chaque mouvement. Nous remarquâmes que cette bande semblait se diriger vers la baie du Salut, et nous y courûmes pour la mieux observer. Nous fîmes mille suppositions sur ce que ce pouvait être : l’un voulait que ce fût un banc de sable; Jack, un volcan; Ernest, un monstre marin. Quant à moi, je reconnus enfin que c’était un banc de harengs, c’est-à-dire une énorme quantité de ces poissons qui quittent la mer Glaciale et traversent l’Océan pour aller frayer. Ces bancs sont suivis d’une foule de gros poissons qui en dévorent des quantités immenses; ils attirent, de plus, des hordes d’oiseaux qui en attrapent ce qu’ils peuvent.

Nous arrivâmes au rivage presque au même instant que les harengs, et, au lieu de perdre notre temps à les admirer, nous nous hâtâmes de sauter dans l’eau pour prendre les poissons avec nos mains à défaut de filets; mais, comme nous ne savions où mettre tous ceux que nous prenions, je m’avisai de faire tirer à terre le bateau de cuves, qui n’était plus bon à rien. J’allai chercher du sel dans la grotte, et je dressai une tente de toile sur le rivage pour pouvoir nous occuper de saler ces poissons, malgré la chaleur. Fritz resta alors dans l’eau pour saisir les harengs et nous les jeter à mesure. Ernest et sa mère les nettoyaient avec un couteau. Jack broyait le sel. Franz aidait tout le monde. Moi je rangeai les harengs dans les tonnes : je mis une couche de sel au fond, puis une couche de harengs ayant tous la tête tournée vers le centre; puis un nouveau lit de sel, puis un de poissons, la tête vers le bord, et toujours de même jusqu’à ce que mes cuves fussent remplies. Je mis sur la dernière couche de sel de grandes feuilles de palmier, enfin un morceau de toile sur lequel j’enfonçai deux planches que je chargeai de pierres, et les cuves pleines furent portées dans la grotte. Au bout de quelques jours, lorsque la masse fut affaissée, je les fermai encore mieux par le moyen d’une couche de terre glaise pétrie avec des étoupes.

En travaillant du matin jusqu’au soir, nous ne pouvions préparer que deux tonnes, et nous voulûmes que les huit fussent pleines. Aussi ce travail nous occupa-t-il plusieurs jours. Peu de temps après, il vint une bande de chiens marins, dont nous tuâmes un assez grand nombre. Leur chair fut abandonnée aux chiens, à l’aigle, au chacal, et nous gardâmes les peaux et la graisse, que nous réservions pour la tannerie et la lampe. Nous conservâmes aussi les vessies de ces poissons, qui étaient fort grosses.

Dans ce même temps je fis une amélioration à notre claie pour transporter plus facilement nos provisions à Falken-Horst. Je la posai sur deux poutres au bout desquelles j’attachai des roues enlevées aux canons du vaisseau. J’obtins ainsi une voiture légère, commode et peu élevée.

Johann David Wyss

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Fregate: Une passerelle vers le Conte & la Poésie.

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