Fantôme

Les fantômes

«fantôme» in texte:

On n’aime pas les fantômes; mais quand on est sûr d’avoir affaire à du solide, c’est autre chose, et du moment que l’homme noir était un homme, si fort fût-il et si barbouillé lui plût-il de se montrer, je ne m’en embarrassais non plus que d’une belette.

Il m’avait encore molesté de ses sottes paroles, prétendant que Brulette n’était qu’une ramasseuse de bois mort; ce qui, chez les forestiers, s’entend d’un fantôme qui court la nuit, et dont la croyance sert souvent aux filles de mauvaise conduite pour n’être point reconnues, grâce à la peur que les bonnes gens ont de cet esprit follet. Aussi, dans l’idée des muletiers, qui ne sont point crédules, un pareil mot est une grande injure.

merci pour votre assistance; mais je regrette que l’idée vous en soit venue, car ces gens sont capables de m’accuser de l’avoir réclamée, et, par là, d’avoir trahi les secrets de mon métier. Si vous m’en croyez, nous partirons sans bruit, et leur laisserons croire qu’ils ont vu des fantômes.

Il y a des heures dans la vie où l’homme, à la chevelure pouilleuse, jette, l’œil fixe, des regards fauves sur les membranes vertes de l’espace; car, il lui semble entendre, devant lui, les ironiques huées d’un fantôme. Il chancelle et courbe la tête : ce qu’il a entendu, c’est la voix de la conscience. Alors, il s’élance de la maison, avec la vitesse d’un fou, prend la première direction qui s’offre à sa stupeur, et dévore les plaines rugueuses de la campagne. Mais, le fantôme jaune ne le perd pas de vue, et le poursuit avec une égale vitesse.

Je voudrais embrasser tes pieds, mais mes bras n’entrelacent qu’une transparente vapeur. Cherchons ce corps introuvable, que cependant mes yeux aperçoivent : il mérite, de ma part, les marques les plus nombreuses d’une admiration sincère. Le fantôme se moque de moi : il m’aide à chercher mon propre corps. Si je lui fais signe de rester à sa place, voilà qu’il me renvoie le même signe… Le secret est découvert; mais, ce n’est pas, je le dis avec franchise, à ma plus grande satisfaction.

Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abîme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappés de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pâle et voûté, dans les théâtres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maître-fantôme, enveloppé dans un long manteau noir. Abandonne ces pensées, qui rendent ton cœur vide comme un désert; elles sont plus brûlantes que le feu.

il fallait rester à mon poste, regarder ce fantôme, ces lèvres bleuâtres auxquelles il était défendu de s’ouvrir; ces yeux tantôt fermés, tantôt errant autour de la chambre, tantôt se fixant sur moi, mais toujours sombres et vitreux; il fallait sans cesse plonger et replonger ma main dans cette eau mêlée de sang et laver une blessure qui coulait toujours.

je devenais nerveuse au moment où je voyais approcher l’heure de me coucher, l’heure de la vision. J’étais encore dans la compagnie de ce fantôme d’enfant la nuit où j’entendis le terrible cri, et l’après-midi du lendemain on vint m’avertir que quelqu’un m’attendait dans la chambre de Mme Fairfax; je m’y rendis et j’y trouvai un homme qui me parut un domestique de bonne maison; il était en grand deuil, et le drapeau qu’il tenait à la main était entouré d’un crêpe.

Vous faites bien de vous tenir serrés l’un contre l’autre, dis-je, comme si le fantôme eût pu m’entendre; vous êtes brisés et déchirés, et pourtant il doit y avoir encore un peu de vie en vous, à cause de l’union de vos fidèles racines. Vos feuilles ne reverdiront plus; les oiseaux ne viendront plus sur vos branches pour chanter et faire leurs nids; le temps de l’amour et du plaisir est passé; mais vous ne tomberez pas dans le désespoir, car chacun de vous a un compagnon pour sympathiser avec lui, au jour de sa ruine.

L’esprit qui danse parmi la poudre éblouissante des mirages de midi. Le fantôme qui glisse sur les lises dans les ténèbres de minuit.

j’ai vu Babylone et ses terrasses orgueilleuses portant des orangers plus hauts que les chênes de nos bois. J’ai vu, et c’était un fantôme, la forêt morte, la vieille forêt de Scissy, prolongeant ses massifs dans la mer et couvrant de son ombre sacrée Tombelène, le lieu des sacrifices humains.

C’est que les choses passées ont leurs spectres comme les hommes décédés; c’est que la nuit évoque le fantôme des mondes transformés aussi bien que les ombres humaines.

— Cette nuit, si vous voulez. Et vous, monsieur, ajouta le capitaine, en se retournant vers moi, nous tiendrez-vous compagnie ? — Non, dis-je, je ne veux point troubler l’incognito de ce fantôme. D’ailleurs, j’aime mieux penser que notre docteur plaisante. — Je ne plaisante point, répondit l’entêté Pitferge. — Voyons, docteur, dis-je. Est-ce que vous croyez sérieusement aux morts qui reviennent sur le pont des navires ? — Je crois bien aux morts qui ressuscitent, répondit le docteur, et cela est d’autant plus étonnant que je suis médecin. — Médecin ! fit le capitaine Corsican, en se reculant comme si ce mot l’eût inquiété. — Rassurez-vous, capitaine, répondit le docteur, souriant d’un air aimable, je n’exerce pas en voyage !

Tout l’après-midi de ce même jour gris, ils avaient en effet voyagé, son père et elle, dans une vieille petite diligence crevassée, ouverte à tous les vents; passant à la nuit tombante dans des villages tristes, sous des fantômes d’arbres suant la brume en gouttelettes fines. Bientôt il avait fallu allumer les lanternes, alors on n’avait plus rien vu que deux traînées d’une nuance bien verte de feu de Bengale qui semblaient courir de chaque côté en avant des chevaux.

cela se déposait sur leur barbe; cela faisait luire d’humidité leur peau brunie. Ceux qui se regardaient d’un bout à l’autre du bateau se voyaient troubles comme des fantômes; par contre les objets très rapprochés apparaissaient plus crûment sous cette lumière fade et blanchâtre. On prenait garde de respirer la bouche ouverte; une sensation de froid et de mouillé pénétrait les poitrines.

Le pauvre bûcheron, ébaubi, saluait les deux fantômes qui trottinaient sur les aiguilles de pin. Il crut fermement qu’ils allaient s’évaporer comme une brume.

Les femmes, aux chevilles alourdies par des cercles d’argent, étaient, il va sans dire, d’indéchiffrables fantômes, qui se plaquaient craintivement aux murailles quand on passait, ou bien s’engouffraient dans les portes; elles portaient des petits masques noirs, des espèces de petits loups brodés d’or et de perles, avec des trous carrés pour les yeux, — chacune d’elles semblant personnifier un peu de ce mystère d’Islam qui pesait sur toutes choses.

Par les vitres ouvertes du salon, je vis de grands poissons effarés qui passaient comme des fantômes dans les eaux en feu. Quelques-uns furent foudroyés sous mes yeux !

Vers cette époque, et au milieu d’une belle nuit d’été, mon sommeil fut interrompu tout à coup par un hurlement furieux de nos gardiens, suivi de sourds trépignements qui me rappelèrent la terrible invasion des chacals. Déjà, comme il arrive dans les alarmes nocturnes, mon imagination peuplait la cour de fantômes terribles, parmi lesquels les buffles, les ours et les boas ne jouaient pas le rôle le moins formidable. Toutefois je résolus de ne pas demeurer plus longtemps dans l’incertitude, et, sautant du lit à demi nu, je saisis la première arme qui se trouva sous ma main, et je m’élançai vers la porte de ma maison, dont la partie supérieure était restée ouverte, selon notre coutume durant les nuits d’été.

Fregate: Une passerelle vers le Conte & la Poésie.

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